dix-neuf heures - aéroport jfk. Je retrouve ma valise et sort de l'aéroport en vitesse pour prendre le premier taxi qui arrive, Anastasia et moi venions de passer une semaine en France, et deux semaines en Russie. Ce retour aux sources avait été difficile dans un premier temps pour ma petite soeur mais elle avait finalement apprécié revenir dans sa ville natale et surtout me la faire découvrir. D'ailleurs heureusement qu'elle parlait couramment russe parce que franchement le russe c'est de loin la langue la plus compliquée que j'ai jamais entendu. On avait environs une heure de taxi avant d'arriver chez ma mère, et on en profita pour ressasser les souvenirs de notre voyage. Voir Anastasia aussi ravie me faisait vraiment plaisir, et avoir partagé trois semaines avec ma petite soeur avait été un pur régal. Revenir à New-York me rendait à la fois triste et heureuse, j'étais triste que notre périple s'arrête maintenant, mais en même temps j'étais éreintée, on avait vécu notre voyage à cent à  l'heure, profitant de chaque instant, et ça n'avait pas été de tout repos. J'avais hâte de retrouver mon lit, et mon matelas bien moelleux. Pour l'heure, le taxi venait de se garer devant l'immeuble où résidait ma mère. Avec Ana, on habitait entre l'appartement de ma mère et celui de mon oncle, même si je préférais de loin être chez mon oncle avec Amalya, ma cousine. Néanmoins nos valises encombrantes nous imposaient un arrêt chez ma très chère mère, que je n'allais de toute façon certainement pas croiser. J'entrais dans la grande demeure avec ma petite soeur, j'embrassais Rosa avant de m'affairer à défaire ma valise. En une demi heure mes affaires étaient en ordre, et j'allais prendre une douche. Le vol avait été long et l'eau chaude de ma très spacieuse douche était un véritable luxe qui me détendit. Je m'enroulais dans une serviette blanche avant de rejoindre ma chambre et de vérifier que je n'avais pas de nouveau message sur mon téléphone. Je ne savais pas si Amalya était chez son père, et elle ne répondait pas à mes messages ce qui ne m'aidait pas à avoir une réponse, je me décidais donc à partir chez mon oncle dès que je serais prête. Anastasia me prévint qu'elle allait retrouver des amies ce soir et qu'elle ne rentrerait pas dormir, je lui faisais confiance et la laissait partir en lui demandant de faire attention à elle, ce qu'elle me promis. Je m'habillais ensuite d'une jupe patineuse noire resserrée à la taille, et chemisier blanc, très simple. Pour le reste, je ne fis pas plus d'effort, un très léger coup de mascara et puis je laisser mes cheveux sécher sur mes épaules, je n'avais pas prévu de sortir ce soir et j'allais certainement passer la soirée à regarder la télé avec Amalya -ou sans elle- donc je n'avais pas franchement grande utilité à me pomponner. Je fourrais quelques affaires que je devais emmener chez mon oncle, entre autre mon ordinateur et quelques fringues, le stricte minimum qui remplissait tout de même un -gros- sac en bandoulière. J'enfilais des chaussures et rejoignais ma voiture où je jetais mon sac dans le coffre. L'appartement de mon oncle se situait à une dizaine de minutes à peine de celui de ma mère, ce qui rendait les allé-et-retour entre mes deux "maisons" assez pratiques. J'espérais vraiment trouver Amalya chez mon oncle, j'avais envie de la serrer dans mes bras, et de lui raconter mon voyage en Russie, vraiment les gens là bas sont fous! J'empruntais l'immense ascenseur pour me rendre à l'étage privatisé de mon oncle, en rêvant déjà à ma soirée posée dans le canapé avec ma cousine. Lya et moi on faisait la paire, la brune et la blonde. En plus d'être ma cousine, elle était l'une de mes meilleures amies, j'avais vraiment de la chance que nos vies ce soient croisées. Notre situation familiale est bizarre, entre les divorces, le décès de mon père, on ne correspond pas au schéma familial traditionnel. Anastasia et moi n'avons pas la même mère, et nous vivons chez notre oncle, quoi de plus.. anormal? Je n'imaginais d'ailleurs même pas à quel point j'avais raison quand je pensais que ma famille était spéciale. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur l'appartement de mon oncle, je posais mon sac dans un coin et défaisait mes chaussures en les laissant dans le passage, je les rangerais après mais pour l'instant mon estomac criait famine, je devais avaler quelque chose. Je me dirigeais dans la cuisine en attachant mes cheveux « C'est moi je suis rentrée! » braillais-je à travers l'appartement pour savoir si Lya était dans les parages, mais au moment où je prononçais ses mots, j'entendais une voix qui ne m'étais absolument pas familière parler « Enfin… J’ai l’impression que tourner en rond depuis trois heures. J’en ai marre là c’est clair… ok je peux… » on s'arrêta net de parler tous les deux. Je me retrouvais nez à nez avec un homme, beaucoup plus grand que moi, et assez impressionnant. Autant vous dire qu'au combat au corps à corps, j'étais foutu. Pourvu que ce ne soit pas un violeur en série. Quoi que son étonnement quant à ma présence ici me semblait être une preuve éloquente qu'il n'était ni un violeur ni un cambrioleur. Mais ça ne laissait plus beaucoup d'éventualité. Il n'était pas habillé assez sérieusement pour être un client de mon oncle, ni même un associé. Toutes les possibilités quant à son identité défilèrent à une vitesse grand V dans ma tête, alors qu'il était entrain de me regarder fixement de bas en haut. « Bonsoir. Je m'appelle Cassyopée, et vous vous êtes..? » demandais-je en fronçant légèrement les sourcils avant de reprendre la parole sans lui laisser le temps de répondre. « Enfin qui que vous soyez si vous pouviez me regarder avec un peu moins d'insistance j'en serais plus que reconnaissante.. » fis-je remarquer, avec un ton emprunt de fermeté.

J'étais exténuée, et j'avais envie de me poser devant un bon film, ou alors de raconter mon voyage en russie et en france à quelqu'un, mais je n'avais absolument pas le courage nécessaire pour sortir faire la fête ce soir. Étonnant venant d'une pile électrique comme moi certes, mais je venais quand même de me prendre quelques longues heures de décalage horaire dans la tête, et ça m'avait légèrement fracassé. Pourtant, il m'en faut beaucoup pour ne pas sortir le soir, je suis une fêtarde née, je ne peux pas passer une soirée seule, j'ai besoin d'être entourée, de voir du monde. Je déteste la solitude, quand j'étais petite et qu'Anastasia n'habitait pas encore avec moi je passais mon temps avec Rosa pour ne pas être seule, je l'aidais à faire la cuisine, et les tâches ménagères. J'appréciais vraiment sa compagnie, c'était une femme douce, attentive et attentionnée, tout ce que ma mère n'était pas. Et c'était aussi une femme pleine de dynamisme, d'énergie et de courage, qualités qu'elle a toujours tenu à m'inculquer. Ça avait plutôt bien réussi dans l'ensemble, seulement je n'utilisais pas forcément mon énergie et mon dynamisme à des fins louables. Il est certain que si je mettais autant d'énergie dans mes  cours que je n'en met pour m'amuser, je serais de loin la meilleure élève de l'université. Évidemment ce n'est, et ne sera jamais le cas, au grand désespoir de mon oncle, que voulez-vous on ne peut pas tous être raisonnable. Tout ça pour dire que ce soir était une soirée serait exceptionnellement une soirée où je ne ferais rien, ou pas grand chose.  
Enfin ça c'est ce que je croyais, mais visiblement mon destin avait d'autre projet pour moi. Alors que je pensais retrouver ma cousine, je suis tombée nez à nez avec un homme que je ne connaissais ni d'eve ni d'adam -plutôt mignon cela dit, oui je suis ce que je suis, et je dois bien admettre que le charme de l'inconnu était indéniable-. La stupéfaction était générale, aucun de nous deux avions visiblement prévu de croiser l'autre. La grande question était, qui pouvait bien être ce jeune homme qui semblait surpris de me voir alors que j'étais ici chez moi. Et là, clairement, je n'avais pas de réponse. Pourtant les hypothèses étaient nombreuses, mais aucune ne semblait coller parfaitement. Peut-être que c'était un ami d'amalya? Il avait l'air plus âgé que nous, mais ça paraissait plus probable que les autres propositions que je m'étais faites. Il haussa les sourcils et les épaules quand je lui faisais remarquer qu'il me regardait avec insistance et que je le priais de cesser. Voilà que je n'ai plus le droit de faire de remarquer chez moi, son attitude me laissait de plus en plus perplexe.  « Désolé. » Mouais. Ça ira pour cette fois-ci. Enfin étant donné sa carrure, et en vue de la mienne, ça ira pour toutes les fois suivantes, mais il fallait garder la face. « Enchanté, Thybalt. Addison. » génial, cela me confirmait au moins une chose: je n'avais aucune idée de qui il était. Il me tendait la main, je la serrais, toujours intriguée. « Vous cherchez James, je suppose ? Ou vous avez décidé de cambrioler l’appartement et dans ce cas… Vous êtes très mauvaise. Permettez-moi de le dire ! » non je ne te permets pas, mais j'ai pas non-plus très envie de te le dire, alors je me contente de froncer les sourcils. Bon, au moins il connaissait le prénom de mon oncle, il devait au moins le connaître lui. À moins qu'il n'ai lu le nom sur la boîte aux lettre ou quelque chose comme ça. Mes soupçons grandissaient à mesure qu'il parlait.  « Vous l’avez loupé… D’environ deux heures… Très longues heures. Etant donné que vous avez apporté votre sac et enlevez vos chaussures, je suppose que vous avez l'intention de l'attendre ? » raté sherlock, j'ai surtout l'intention de rester chez moi, genre.. ici. Je fronçais les sourcils, mais qui était-il pour me faire sentir comme une étrangère chez moi. Je commençais à m'inquiéter, et vérifiais que mon téléphone était bien dans ma poche, on ne sait jamais.  « Un verre ? »  d'accord là, ça devenait vraiment flippant. « Oui.. Oui avec plaisir. » Je le laissais partir dans le salon, et me faufilais dans la cuisine pour y prendre le premier truc qui me tombait sous la main, c'est à dire une fourchette. Je revenais dans le salon et attendait qu'il se retourne vers moi, pour le menacer avec ma.. fourchette. « D'accord, maintenant.. je rigole plus, dites moi qui vous êtes et ce que vous faites chez moi, j'espère pour vous que vous n'êtes pas de ces personnes qui s'invitent chez des inconnus et font comme s'ils étaient chez eux, parce que je vous le dit tout de suite j'appelle la police et.. et je n'hésiterais pas à utiliser ma fourchette! »  je savais que j'aurais du prendre un couteau. Ç'aurait été mille fois plus crédible avec un couteau.

Je commençais à véritablement angoisser, après-tout je rentrais chez mon oncle et y trouvais un inconnu, qui me faisait me sentir comme une étrangère, tout ça était bien trop bizarre pour que ça ne m'inquiète pas. J'avais déjà vu des émissions qui parlaient de ces squatteurs très dangereux, qui s'installent chez vous et que la police même ne peut faire partir. Encore j'étais chez moi, et cet inconnu semblait bien trop à l'aise, j'avais tous les droits de m'inquiéter. Et c'est pour ça que je n'hésitais pas à le menacer. Avec une fourchette.. Mais mon regard devait être assez inquiétant pour qu'il ai peur de moi. Ou peut-être pas, mais c'était mieux que rien. Et puis c'est pas parce que ma fourchette ne paye pas de mine que je ne peux pas lui arracher les yeux avec! Son sourire moqueur m'indiquait qu'il ne me croyait absolument pas capable de lui faire du mal. Mais mes menaces lui firent perdre le sourire, ou peut-être était-ce le fait que je lui annonce que j'habite ici, je sais pas. « Ok dans le genre situation bizarre et incompréhensible … » Je ne baissais pas ma garde, attendant qu'il ne s'explique. « Commencez déjà par baisser cette fourchette vous avez l’air ridicule et vous risqueriez encore de vous blesser. Appeler la police serait une idée farfelue étant donné … Que je suis aussi chez moi. Enfin plus ou moins. » d'accord c'est donc ça, il s'approprie l'appartement de mon oncle, plante ses griffes, et se débrouille pour me faire expulser ensuite, mais ça c'était sans compter qu'il a frappé à la mauvaise porte puisque le propriétaire est ni plus ni moins l'un des plus grands avocats de New-York. Je brandissais de plus belle ma fourchette en sortant mon téléphone, peu convaincue par son monologue. « Etant donné que James est mon père. » la stupéfaction se lisait sur mon visage, je baissais légèrement ma fourchette, et le regardait avec des yeux aussi grand que des soucoupes. Ça signifie que.. je suis genre, sa cousine? Non non il doit raconter n'importe quoi, James m'en aurait parlé. « Je pense que c’est maintenant que les choses se compliquent… »  je remontais ma fourchette, on ne sait jamais, il ne m'a toujours pas prouvé qu'il n'était pas un psychopathe. « Pourquoi je te croirais? Mon oncle m'aurait prévenu s'il avait un fils, surtout s'il venait habiter avec lui. Et pourquoi Amalya ne m'a rien dit non plus? J'aurais été la première à savoir qu'elle avait un frère si tel était le cas! Comment tu pourrais être le fils de James sans qu'Amalya, Léanne, Neph ou moi ayons jamais entendu parler de toi? » je ne me ferais pas avoir, je voulais des preuves, tant que j'en aurais pas il sera toujours potentiellement un dangereux psychopathe. C'est vrai après tout, ça me paraissait un peu gros que mon oncle accueil son soit-disant fils sans nous en avoir parlé une seule fois. Il sait très bien qu'Amalya et moi passons assez souvent ici, pour récupérer des affaires ou parce qu'on a oublié de remplir notre frigo, ou même pour profiter de l'un de ses milliards de dvd avec le home cinéma, il nous aurait prévenu si on risquait de trouver quelqu'un chez lui en passant.

Rien n'était simple dans notre famille, et il fallait toujours qu'il nous arrive des choses abracadabrantesques, ce qui certes nous donnait de bonnes histoires à raconter par la suite, mais qui sur le moment était toujours des situations incroyablement gênante. Je tentais alors de lui expliquer que je n'était pas dupe, qu'il ne suffisait pas qu'il me raconte des bobards pour que je boive ses paroles. Il me coupa la parole, me demandant « Tu connais beaucoup de monde qui oserait dire que James est leur père ? » il n'avait pas tout à fait tord, mais les psychopathes peuvent prétendre tout et n'importe quoi, non? Je listais ensuite les noms des filles de la famille, et visiblement aucun ne lui était familier. Sa stupéfaction me prouva néanmoins qu'il ne mentait pas, un inconnu n'aurait pas été si troublé d'apprendre qu'oncle James avait une fille et trois nièces sous sa responsabilité.  « Merde… » visiblement, le fait qu'oncle James ai oublié de lui divulguer ce genre de détail lui inspirait un chapelet de nom d'oiseau qu'il s'efforça de retenir. Je comprenais totalement sa réaction, à vrai dire je n'en pensais pas moins, non franchement il aurait pu nous tenir informé. « « Parce que je ne connais pas une seule personne dans cette liste. » sa réaction m'avait prouvé qu'il ne mentait pas, et je le croyais sur parole à présent, les présentations allaient être longues mais notre famille entière était formée de pièce rapportée, une de plus ou une de moins, on n'était plus à ça prêt. Je demandais tout de même pourquoi James n'avait pas eu la délicatesse de nous informer de la situation. « Parce qu’il est totalement tordu. » là, il marquait un point. « Demande lui. C’est vrai, je ne peux rien te prouver, je n’ai pas le même nom, heureusement… Et mes connaissances à son sujet s’arrêtent au fait qu’il soit avocat, et qu’il connaisse mon adresse et ma date d’anniversaire. »  je me refais alors compte que je brandissais toujours ma fourchette, je baissais alors mon arme et la posait sur un meuble à ma portée « Non, non c'est bon, je te crois, désolée.. » la situation m'échappait un peu, et c'était terriblement gênant comme première rencontre, mais j'espérais pouvoir me rattraper. « Alors.. si on reprenait tout depuis le début, devant un verre de whisky? Je pense qu'on en a bien besoin l'un comme l'autre. » pour nous remettre de nos émotions. Et il allait lui falloir plus d'un verre pour comprendre toutes les complexités de notre famille, que je lui raconte tout de a à z, qui je suis, qui nous sommes. S'il s'attendait à tomber dans un endroit calme, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au cou. Puis, il m'intriguait aussi, je voulais savoir qui il était, pourquoi venir soudainement habité avec un père qu'il n'a jamais fréquenté? Des tonnes de questions se bousculaient, j'avais envie de connaître se mystérieux inconnu, maintenant que j'avais écarté l'hypothèse du dangereux psychopathe. Il m'intriguait.